L'@ide-Mémoire

ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

Jean-Claude Rémoleux

 

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Dictionnaire des comédien(ne)s
 

 

Jean Claude Désiré Rémoleux voit le jour à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) le 8 février 1923. Silhouette replète, voix de fausset soulignée par un débit mécanique et regard de myope (faussement ?) placide presque toujours en planque derrière des lunettes à montures carrées, cet ancien boulanger devenu accessoiriste à la télévision puis comédien presque par accident n’a que quelques apparitions muettes à son actif lorsque Tati lui confie son premier véritable rôle à l’écran dans Mon Oncle (1956) : deux courtes séquences à peine, dont l’une le voit donner la réplique à une autre rondeur atypique, l’incroyable Jean-Pierre Zola, mais, déjà, une authentique présence. Ensuite, c’est retour à l’anonymat des semi-figurations, purgatoire cinématogra-phique dont viendront le tirer à point nommé Orson Welles, Jean-Luc Godard et surtout Jean-Pierre Mocky. Mocky, dont il deviendra, toutes proportions gardées, la " Pauline Carton " : ils tourneront la bagatelle de douze films ensemble, dans lesquels l’acteur, qui restera probablement comme le comédien le plus flegmatique de l’histoire du septième art, campera avec délices les crétins de la pire espèce. Mais gare ! Derrière les policiers stupides (comme tous les flics chez Mocky) d’Un drôle de paroissien (1963) et des Compagnons de la Marguerite (1966), l’incroyable Pativer de Chut ! (1971), le metteur en scène avant-gardiste d’Un linceul n’a pas de poches (1974), le contremaître lobotomisé des Gaspards (Pierre Tchernia, 1973) ou encore l’estivant binoclard – authentique beauf à temps complet – que lui confie Yves Boisset dans Dupont Lajoie (1974), peuvent se profiler des individus de la pire espèce, à l’instar d’Antoine, le chef tortionnaire de Valparaiso, Valparaiso (Pascal Aubier, 1970) ou du bourreau dynamitant sans état d’âme aucun Joseph K/Anthony Perkins à la toute fin du Procès (Orson Welles, 1962). En résumé, une carrière aussi singulière que Rémoleux lui-même, où les noms de Jean Girault, Pierre Tchernia et Jacques Martin côtoient sans complexe ceux de Jean-Luc Godard, Marcel Bluwal, Pascal Aubier (lequel lui confie sur le tard, dans Le Chant du Départ, 1975, le rôle le plus consistant de toute sa carrière) et donc, on excusera du peu, celui de Welles !!! Rien d’étonnant, dans ces conditions, à ce qu’après sa disparition, survenue à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes) le 5 janvier 1985, Jean-Claude Rémoleux se soit vu consacrer par quelques allumés géniaux (Lefred Thouron et Kafka, alias Francis Kuntz) un fan-club officiel et posthume, l’association " Marinella " 1, ce afin de célébrer la mémoire de Jean-Claude Rémoleux et faire qu’icelui retrouve de par le fait la place qui lui revient de droit dans l’histoire du cinéma français. ADL

 

1. Clin d’œil à la rumba sirupeuse signée Vincent Scotto et popularisée dans les années 30 par l’ineffable Tino Rossi, dont Rémoleux fredonnait un court extrait dans Un drôle de paroissien.

© Armel de Lorme