L'@ide-Mémoire

ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

 

 

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Hommages
 

 

Santa-Relli

Véritable nom : Leona Goupil.

Née à Paris le 2 septembre 1914.

Décédée le 29 octobre 2010.

À l’exception de maigres informations fournies par l’Annuaire Biographique du Cinéma et faisant état, outre d’un passage au Cours Simon, d’activités d’acrobate, de trapéziste et de monitrice d’éducation physique, on connaît assez mal de parcours extra cinématographique de Santa-Relli, « star deuxième » de l’Occupation et de l’immédiat après-guerre, lancée en 1943 par la firme franco-allemande Continental et qui restera surtout pour son interprétation, sous la direction de Maurice Tourneur, du rôle-titre d’un très réussi Cécile est morte !. « Jeune vieille fille » en mal de mari, Cécile Pardon, 25 ans, trouve un dérivatif à l’absence de mâle en harcelant jusque dans son bureau le brave commissaire Maigret afin de lui faire part de prétendus complots dont elle a connaissance. Maigret et ses petits camarades de la PJ la prennent, comme il se doit, pour une aimable folle, jusqu’au jour où Cécile, finalement moins frappadingue qu’il n’y paraissait, est retrouvée étranglée dans un placard à balais. Il fallait un talent bien réel pour se tirer d’un tel rôle sans sombrer dans la caricature : Santa-Relli n’en manquait pas. Brune, fiévreuse, totalement dépourvue de sex-appeal mais nantie dans le même temps de qualités dramatiques des plus solides, elle se rattache, comme Junie Astor, Marie-Hélène Dasté, Yvette Étiévant, Héléna Manson ou Jandeline, à la grande famille cinématographique des éternelles frustrées, des perpétuelles aigries, des résignées à temps complet et des mal baisées chroniques, un peu comme si le titre de son premier film, le remake par André Hugon (1938) de La Rue sans joie de Pabst, avait, dès ses débuts à l’écran, donné définivement le « la ». Son emploi type ? La vieille fille pathétique, migraineuse et bornée, répondant généralement aux prénoms un rien « France profonde » de Geneviève, Germaine, Lucienne ou Simone. Dans l’adaptation par André Cayatte d’Au Bonheur des Dames tel que l’écrivit Émile Zola (1943), elle ne quitte le lit, toussotante et chancelante de bout en bout, que pour se fondre, à l’instar de son personnage d’amoureuse souffreteuse, valétudinaire et bafouée, dans la grisaille d’arrière-boutiques mal éclairées, avant d‘achever prématurément, comme dans le roman, sa course au malheur permanent dans un cercueil capitoné qui semblait n’attendre qu’elle depuis le jour même de sa naissance…

À la Libération pourtant, Santa-Relli semble amorcer un virage en troquant sa panoplie de catherinette en mal d’époux pour des emplois, plus riches et plus volontaristes, de résistantes discrètes mais efficaces (Vive la liberté, Jeff Musso, 1944 ; Jéricho, Henri Calef, 1945) et de veuves mal embouchées : dans La Maison sous la mer (Henri Calef, 1946), acariâtre et rancie, elle enterre son brave Armontel de mari d’une main tout en menant sa marmaille à la baguette de l’autre, sans se douter que, dans l’ombre, Jacques Tati lui mitonne le dernier grand rôle de sa carrière. En 1947 donc, elle prête ses traits à la foraine revêche de Jour de fête, patronne de manège mariée pour le meilleur peut-être, mais certes pas pour le rire, au brave Guy Decomble qu’elle rappelle violemment à l’ordre chaque fois qu’il fait mine de s’intéresser d’un peu trop près à la jeune et jolie Maine Vallée. Deux ans encore et elle disparaît définitivement des écrans, après avoir prêté furtivement, à la demande expresse de l’ancien coscénariste de Jour de fête, ses traits à la savoureuse Langoustinette -  petite poule du pavé de Paris au cœur tendre comme de la mie de pain – du très réussi Les Premières Armes (René Wheeler, 1949), qui devait lui fournir, en toute fin de parcours, le premier, seul et unique contre-emploi d’une carrière cinématographique somme toute bien trop courte. ADL

Version remaniée du portrait de Santa-Relli publié dans L’@ide-Mémoire – Encyclopédie des Comédiens de Théâtre, Cinéma et Télévision, Volume 1, 2006. © Armel De Lorme.   

FILMOGRAPHIE CINÉMA :

1938 : La Rue sans joie (André Hugon). 1943 : Au Bonheur des Dames (André Cayatte). Cécile est morte ! (Maurice Tourneur). 1944 : Vive la liberté (Jeff Musso). 1945 : Jéricho/Opération Jéricho (Henri Calef). 1946 : La Maison sous la mer (Henri Calef). 1947 : Jour de fête (Jacques Tati). 1949 : Les Premières Armes (René Wheeler).

© Armel de Lorme