L'@ide-Mémoire

ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

 

 

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Hommages
 

 

Rosy Varte

Photo extraite de Le Petit Prof (Carlo Rim, 1958).

Véritable nom : Nevarte Manouelian.

Née à Constantinople (auj. Istanbul, Turquie) le 22 novembre 1923.

Divorcée d’Yves Robert. Remariée à Pierre Badel.  

Décédée à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) le 14 janvier 2012.

Il y a des dimanches, décidément, qu’on ferait mieux de passer couché, téléphone débranché et accès Internet en vacances. Annonce de la disparition, consécutive à une bronchite ayant dégénéré en infection pulmonaire, de la comédienne de théâtre, cinéma et télévision d’origine arménienne Rosy Varte, née le même jour que Piéral et décédée le même jour que Mila Parely. Sa filmographie exhaustive permettra de rappeler, à qui la parcourra, qu’elle ne fut pas seulement, huit années durant, l’effervescente Maguy de la sitcom du même nom (qui elle, ne l’était pas des masses, effervescente), mais surtout, et avant tout, la Normande haineuse de Manon (Henri-Georges Clouzot, 1948), la buveuse d’absinthe blasée de French Cancan (Jean Renoir, 1954), la tenancière pragmatique du Petit Prof (Carlo Rim, 1958), la réfugiée juive de Fortunat (Alex Joffé, 1960), la mère hospitalière d’Antoine et Colette (François Truffaut, 1961), l’indiscrète infirmière bénévole de Thomas l’Imposteur (Georges Franju, 1964), la bistrote lyonnaise du Voyage du père (Denys de La Patellière, 1966), la grande sœur énergique de Mon oncle Benjamin (Édouard Molinaro, 1969), l’héritière cupide du Viager (Pierre Tchernia, 1971), l’aubergiste vitupérante du Bar de La Fourche (Alain Levent, 1972), la quinquagénaire encore séduisante de Peur sur la ville (Henri Verneuil, 1974), la (jeune) grand-mère endeuillée de L’Amour en fuite (François Truffaut, 1978), ou encore l’ex-compagne demeurée la meilleure amie malgré les années écoulées du protagoniste mâle de Garçon ! (Claude Sautet, 1983).

En parallèle, une fréquentation longue et assidue des planches avait permis à Rosy Varte de s’illustrer aussi bien au TNP, où elle joua la mère Ubu d’Ubu roi sous la direction de Jean Vilar, que sous les ors du Théâtre-Français, et ceux qui ont eu vingt ou trente ans à la toute fin des années 40 se rappelleront, à l’instar d’Alice Sapritch la portraiturant d’un trait peu amical dans ses Mémoires (Femme-public – Ma vérité, 1986), qu’elle joua longtemps les prima donna au cabaret « La Rose Rouge », fondé par Nico Papatakis et dont son premier mari, Yves Robert, était alors l’animateur. Fin de parcours – et de partie – aux côtés de Christophe Dechavanne (Hubert et le chien, Laurence Katrian, 2007), mais quand on a aligné sur un curriculum-vitae couvrant six décennies les noms de Renoir, de Franju et de Truffaut, cumulé la bagatelle de douze rôles différents dans le virevoltant Les hommes ne pensent qu’à ça… (Yves Robert, 1953), survécu vaillamment à plus d’une demi-douzaine de tournages avec Alex Joffé, sauvé par sa seule présence à l’écran l’affligeant et jamais drôle Rock and Torah (Marc-André Grynbaum, 1982) et porté à bout de bras, huit saisons durant, une des plus mauvaises séries jamais produites en France par le service public, on peut tout se permettre. Même TF1 un lundi en prime time, en binôme avec un animateur de jeux ringards autoproclamé comédien pour les besoins du roi Audimat, mais tout heureux, pour une fois, d’avoir une autre réplique – une vraie – à se mettre sous la dent qu’une zozotante Sophie Favier ou une terrifiante Victoria Silvstedt. AdL

De gauche à droite, photos extraites de: Fortunat (Alex Joffé, 1960), Le Viager (Pierre Tchernia, 1971), Peur sur la ville (Henri Verneuil, 1974).

FILMOGRAPHIE CINÉMA :

1948 : Manon (Henri-Georges Clouzot). 1949 : Vendetta en Camargue (Jean Devaivre). 1951 : Trois Femmes – sk. L’Héritage (André Michel). 1952 : Lettre ouverte (Alex Joffé). Minuit… Quai de Bercy (Christian Stengel). 1953 : À nous deux, Paris ! (Pierre Kast, CM). Les hommes ne pensent qu’à ça… (Yves Robert). Virgile (Carlo Rim). 1954 : Casse-cou, Mademoiselle ! (Christian Stengel). French Cancan (Jean Renoir). 1955 : Les Assassins du dimanche (Alex Joffé). Gueule d’Ange (Marcel Blistène). Les Hussards (Alex Joffé, n’apparaît pas dans les copies actuellement visibles). 1956 : Pardonnez nos offenses (Robert Hossein). 1958 : En légitime défense (André Berthomieu). Le Petit Prof (Carlo Rim). 1960 : Fortunat (Alex Joffé). Le Gigolo (Jacques Deray). 1961 : L’Amour à vingt ans – sk. Antoine et Colette (François Truffaut). Le Tracassin ou les Plaisirs de la ville (Alex Joffé). La Vendetta (Jean Chérasse). 1964 : Thomas l’Imposteur (Georges Franju). Un monsieur de compagnie (Philippe de Broca). 1965 : Les Sultans (Jean Delannoy). 1966 : Trois Enfants… dans le désordre (Léo Joannon). Le Voyage du père (Denys de La Patellière). Salut Berthe ! (Guy Lefranc). 1969 : La Honte de la famille (Richard Balducci). Mon oncle Benjamin – L’Homme à l’habit rouge (Édouard Molinaro). Le Pistonné (Claude Berri). 1971 : Le Viager (Pierre Tchernia). 1972 : Le Bar de la Fourche (Alain Levent). La Belle Affaire/J’suis pas un dur… mais ça viendra ! (Jacques Besnard). 1973 : La Grande Nouba (Christian Caza/Michel Ardan). 1974 : Peur sur la ville (Henri Verneuil). 1978 : L’Amour en fuite (François Truffaut). 1980 : T’inquiète pas, ça se soigne ! (Eddy Matalon). 1981 : Le Bourgeois gentilhomme (Roger Coggio). 1982 : Le Braconnier de Dieu (Jean-Pierre Darras). Les Préférés – Rock and Torah (Marc-André Grynbaum). 1983 : Garçon ! (Claude Sautet). 1984 : Joyeuses Pâques (Georges Lautner). Monsieur de Pourceaugnac (Michel Mitrani). 1986 : Chère Canaille ! (Stéphane Kurc, inédit).

LIENS VIDÉO :

www.ina.fr/fictions-et-animations/theatre/video/I07275961/philippe-clay-et-rosy-varte-l-affaire-des-poisons.fr.html (extrait d’un Discorama non daté avec Philippe Clay).

www.dailymotion.com/video/xq65u_peur-sur-la-ville_fun (Peur sur la ville, Henri Verneuil, 1974, avec Adalberto-Maria Merli).

www.ina.fr/art-et-culture/arts-du-spectacle/video/CPA77058602/madame-jonas-dans-la-baleine.fr.html (Madame Jonas dans la baleine, de René Barjavel, mis en scène par Max Fournel et réalisé par Pierre Sabbagh dans le cadre de la collection Au Théâtre ce soir, 1977, avec Guy Tréjan, André Gilles, François Cluzet et Micky Sébastian).

© Armel de Lorme