Disparition
dans sa 83ème année de Julien Guiomar, comédien assez
irremplaçable en son genre et véritable chaînon manquant entre
les « excentriques » des années 30 et les grands
seconds rôles (provisoirement) remis au goût du jour par le cinéma
français des années 70. Démesuré et drolatique, impeccable dans
les bourgeois bornés comme dans les salauds ordinaires et les pires
crapules, il faisait partie de cette minorité d’allumés géniaux
mais classieux capables, à l’instar de Pierre Brasseur ou de
Saturnin Fabre en leur temps, de conférer un cachet bien réel à
des œuvres en manquant parfois cruellement. Parmi les cent
cinquante rôles qui jalonnèrent, cinq décennies durant, une carrière
longue et prolifique amorcée sur la scène du TNP au milieu des années
50, on retiendra comme de juste, entre cinéma du samedi soir et
films d’auteur, le faux évêque du Roi
de cœur (Philippe de Broca, 1966), l’abbé presque aussi
bidon – mais tout aussi réjouissant – du Voleur
(Louis Malle, id.), le colonel corrompu de Z
(Costa-Gavras, 1968), le maire cauteleux de La
Fiancée du pirate (Nelly Kaplan, 1969), le politicien véreux
de La moutarde me monte au nez
(Claude Zidi, 1974), le substitut cynique de Section
spéciale (Costa-Gavras, id.), le Victor débonnaire de Souvenirs d’en France (André Téchiné, id.) et le Tricatel dégoulinant
de L’Aile ou la cuisse
(Claude Zidi, 1976). Buñuel ne l’engagea qu’une fois mais sut
l’utiliser au mieux (La Voie
lactée, 1968), Vecchiali – il fut quasiment le seul, hélas
– l’emmena le temps d’un film assez exceptionnel en son genre
vers les emplois de tout premier plan, flic opiniâtre de L’Étrangleur
fasciné par sa jeune proie (1970), et l’on ne dit pas merci au
cinéma français des vingt-cinq ou trente dernières années, une
fois passés Claude Zidi (Inspecteur La Bavure, 1980 ; Les Ripoux, 1984), Jean-Marie Poiré (Papy fait de la résistance, 1983) et Alexandre Arcady (Dernier
Été à Tanger, 1986), d’avoir si peu et si mal employé le
talent aussi singulier qu’exceptionnel de ce comédien de poids,
solide et attachant. Des baffes…
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FILMOGRAPHIE
CINÉMA :
1962 : Le Chevalier de Maison Rouge
(Claude Barma, version
courte exploitée en salles du feuilleton éponyme). 1966 :
Le
Roi de cœur (Philippe de Broca). Toutes
folles de lui
(Norbert Carbonnaux). Le
Voleur (Louis Malle). 1967 : Ballade
pour un chien
(Gérard Vergez). La
Louve solitaire
(Édouard Logereau). Pour
un amour lointain
(Edmond Séchan). 1968 : L’Auvergnat
et l’Autobus
(Guy Lefranc). La
Voie lactée
(Luis Buñuel). Z (Costa-Gavras). 1969 : Borsalino (Jacques Deray). La Fiancée du pirate (Nelly Kaplan). La
Horse
(Pierre Granier-Deferre). 1970 : Doucement
les basses
(Jacques Deray). L’Étrangleur (Paul Vecchiali). Les
Mariés de l’An Deux
(Jean-Paul Rappeneau). 1971 : Les
maffiosi/La violenza : quinto potere (Florestano Vancini). 1972 : Décembre
(Mohamed Lakhdar-Hamina). Home,
Sweet Home
(Liliane de Kermadec, inédit). La
Raison du plus fou… (François Reichenbach). 1973 :
À cause de l’homme à la voiture blanche (Jean Rougeul, inédit ?). La
Folle de Toujane/Comment on devient un ennemi de l’intérieur (René Vautier et Nicole Le Garrec, commentaire).
Dites-le
avec des fleurs
(Pierre Grimblat). L’Histoire
très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse-Chemise (Nina Companeez). La
propriété, c’est plus le vol/La proprità non è piu un furto
(Elio Petri). Une
baleine qui avait mal aux dents
(Jacques Bral). 1974 : Aloïse
(Liliane de Kermadec). Bons
Baisers… à lundi
(Michel Audiard). La
Grande Trouille
(Pierre Grunstein). La
moutarde me monte au nez
(Claude
Zidi). Section
spéciale (Costa-Gavras). Souvenirs d’en France (André Téchiné). 1975 : Adieu
Poulet
(Pierre Granier-Deferre). L’Incorrigible
(Philippe de Broca). 1976 : L’Aile
ou la cuisse
(Claude Zidi). Barocco (André Téchiné). Mado
(Claude Sautet). 1977 : L’Animal
(Claude
Zidi). Mort
d’un pourri (Georges Lautner). La
Zizanie (Claude Zidi). 1978 : Cher
Papa/Caro Papa
(Dino Risi). Ils
sont fous ces sorciers
(Georges
Lautner). Je
vous ferai aimer la vie
(Serge
Korber). Les
Ringards (Robert Pouret). 1979 : Je
suis photogénique/Sono fotogenico
(Dino Risi). Milo
Milo (Nicos Perakis). 1980 : Le
Bar du Téléphone
(Claude Barrois). Est-ce
bien raisonnable ? …
(Georges Lautner). Inspecteur
La Bavure
(Claude Zidi). 1982 : Un
chien dans un jeu de quilles
(Bernard Guillou). 1983 : L’Arbre
sous la mer
(Philippe Muyl). Carmen
(Francesco Rosi). Équateur (Serge Gainsbourg). Papy fait de la résistance (Jean-Marie Poiré). 1984 : Le
Matou (Jean Beaudin). Les Ripoux (Claude Zidi). 1986 : Aziza
de Niamkoko
(Patrick Jamain). Le
Débutant
(Daniel Janneau). Dernier
Été à Tanger
(Alexandre
Arcady). Flag
(Jacques Santi). Jubiaba
(Nelson
Pereira Dos Santos). 1987 : Les Deux Crocodiles
(Joël Séria). Terre
sacrée
(Emilio Pacull). 1988 : African
Timber (Peter F. Bringmann). 1989 :
Plein Fer
(Josée Dayan). 1991 : Léolo
(Jean-Claude Lauzon). 1992 : Je
m’appelle Victor
(Guy Jacques). 1996 : Que
la lumière soit !
(Arthur
Joffé). Violetta,
la reine de la moto
(Guy Jacques). 1998 : Un
peu de retenue ! (Sylvain Gillet, CM). 1999 : Clandestino (Paule Muxel). De la confiture aux cochons (Frédéric Joffre, CM). 2000 : J’ai
faim !!!
(Florence Quentin). 2001 : Reptil
(Pascal Stervinou, CM).
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LIENS
VIDÉO :
www.dailymotion.com/video/x4t2sf_l-incorrigible-1975-de-broca_shortfilms
(L’Incorrigible,
Philippe de Broca, 1975, avec Jean-Paul Belmondo).
www.dailymotion.com/video/x8kfv1_l-aile-ou-la-cuisse-tricatel-coluch_shortfilms
(L’Aile ou la cuisse, Claude Zidi, 1976, avec Louis de Funès,
Coluche et le petit gros qui anime Les
Grosses Têtes et ferait mieux de dételer une bonne fois pour
toutes).
vimeo.com/13714050
(Un peu de retenue !,
Sylvain Gillet, 1998, avec Jean-Claude Dreyfus).
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