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ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

 

 

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Hommages
 

 

Hélène Surgère

Véritable nom : Hélène Marcelle Simonne Collet.

Née à Caudéran (Gironde) le 20 octobre 1928.

Décédée durant son sommeil dans la nuit du 26 au 27 mars 2011.

Décès encore de la magnifique Hélène Surgère, un an et quelques semaines à peine après son entrée en tant que pensionnaire à la Comédie-Française dont elle était devenue dans le même temps la doyenne par l’âge et la « benjamine » des recrues par le fait. Appelée au sein de la grande maison afin d’y interpréter la nourrice des Trois Sœurs de Tchekhov, elle s’y était offert, de son propre aveu, le luxe d’une seconde jeunesse, forte cependant d’une carrière longue et fournie répartie sur exactement un demi-siècle.

Girondine par la naissance, venue à l’écran par le roman-photos, Hélène Surgère avait su imposer, au mitan des années 70, une image « d’icône intello gay » bien moins réductrice que ce que la formule implique généralement, et dont elle s’amusait beaucoup : ceux qui l’auront approchée de près se souviendront que la « Delphine Seyrig made in Diagonale » était tout sauf une évanescente personne, et que la bourgeoise chicos des Belles Manières (Jean-Claude Guiguet, 1978) ne crachait, à la ville, ni sur les plaisirs de la chair, ni sur ceux de la chère, bonne tant qu’à faire. Ceci expliquant probablement cela, la svelte Hélène Surgère s’était métamorphosée, le grand âge venu en une vieille dame replète, dont la voix flûtée, intelligente s’il en fût, n’en ressuscitait pas moins pêle-mêle, en une fraction de seconde, la comédienne has been de L’Étrangleur (Paul Vecchiali, 1970) et l’actrice pathétique de Femmes femmes (Vecchiali, 1974), la narratrice-maquerelle de Salò ou les 120 Journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975), la politicienne infanticide de Change par demain (de main) (Vecchiali, id.), la pharmacienne amoureuse de Corps à cœur (Vecchiali, 1978), la secrétaire de direction dévouée de Barocco (André Téchiné, 1976) et la concierge bienveillante de C’est la vie ! (Vecchiali, 1980). Dans le contre-emploi comme dans son élément naturel, elle sut casser son image diaphane en endossant la servante sourde-muette d’Un chien dans un jeu de quilles (Bernard Guillou, 1982) ou l’héritière cupide de Ce jour-là (Raúl Ruiz, 2002), à peine surprise, au fond, d’avoir dû attendre l’âge somme toute respectable de 70 ans pour acquérir ses lettres de noblesse auprès du grand public après être allée s’encanailler chez Campan et Bourdon (Le Pari, 1997). Au tout début du mi-choral, mi-bancal À vot’ bon cœur (Vecchiali, 2003), tourné au premier tiers des années 2000, Hélène Surgère arborait encore, non sans malice ni élégance, de très dorléaquiens couvre-chefs droit sortis des Demoiselles de Rochefort, et ravivait, le temps d’une séquence ou deux, le souvenir intact de la péripatéticienne de Cœur de hareng (Vecchiali, 1984), son plus beau rôle assurément, grand et petit écran confondus.  

FILMOGRAPHIE :

1965 : Les Ruses du diable (Paul Vecchiali). 1970 : L’Étrangleur (Paul Vecchiali). 1972 : La Ligne de Sceaux (Jean-Paul Török, CM). 1974 : Femmes femmes (Paul Vecchiali). Souvenirs d’en France (André Téchiné). 1975 : Change pas demain (de main) (Paul Vecchiali). Les Loulous (Patrick Cabouat). Salò ou les 120 Journées de Sodome/Salò ou les 120 Jours de Sodome/Salò o le 120 giornate di Sodoma (Pier Paolo Pasolini). 1976 : L’Aigle et la Colombe (Claude Bernard-Aubert). Barocco (André Téchiné). 1977 : La Machine (Paul Vecchiali). Le Souverain (Jean-Paul Arrivée, inédit). 1978 : Les Belles Manières (Jean-Claude Guiguet). Corps à cœur (Paul Vecchiali). Les Sœurs Brontë (André Téchiné). 1979 : La Femme-enfant (Raphaële Billetdoux). 1980 : Cauchemar (Noël Simsolo). C’est la vie ! (Paul Vecchiali). 1981 : Le Retour de Christophe Colon (Jean-Pierre Saire). 1982 : En haut des marches (Jean-Claude Guiguet). Un chien dans un jeu de quilles (Bernard Guillou). 1983 : L’Air du crime (Alain Klarer). 1985 : Morphée (Bruno Chiche, CM). Zone rouge (Robert Enrico). 1986 : Attention bandits ! (Claude Lelouch). 1988 : Australia (Jean-Jacques Andrien). La Fille du magicien (Claudine Bories). Je t’ai dans la peau (Jean-Pierre Thorn). Trois Places pour le 26 (Jacques Demy). 1989 : Dieu vomit les tièdes (Robert Guédiguian). 1990 : Un vampire au paradis (Abdelkrim Bahloul). 1992 : La Cavale des fous (Marco Pico). 1996 : Abel (Philippe-Emmanuel Sorlin, CM). 1997 : À la place du cœur (Robert Guédiguian). Le Pari (Didier Bourdon et Bernard Campan). 1998 : Le Temps retrouvé (Raúl Ruiz). 1999 : L’Affaire Marcorelle (Serge Le Péron). Lise et André (Denis Dercourt). La Réserve (Pascale Breton, CM). 2001 : Ma vraie vie à Rouen (Jacques Ducastel et Olivier Martineau). 2002 : Les Amateurs (Martin Valente, rôle coupé au montage). Ce jour-là (Raúl Ruiz). Le Divorce/idem (James Ivory). 2003 : À vot’bon cœur (Paul Vecchiali). Confidences trop intimes (Patrice Leconte). 2006 : Demandez la permission aux enfants (Éric Civanyan). Ensemble, c’est tout (Claude Berri et François Dupeyron). 2010 : Les Gens d’en-bas (Paul Vecchiali, inédit).

Et, naturellement, quelques titres empruntés à la filmographie de… Marthe Villalonga, tels qu’ils figurent dans l’édition 2000 du Tulard, sinistre mais rentable plaisanterie : Un éléphant, ça trompe énormément, Le Coup de sirocco, Trois Hommes et un couffin… À l’@ide-Mémoire, nous en rions encore.

LIENS VIDÉO :

www.youtube.com/watch?v=UzSpfVGUTho&feature=related (Salò o le 120 giornato di Sodoma, Pier Paolo Pasolini, 1975).

www.wat.tv/video/helene-surgere-artiste-pleine-2yqid_2eyxv_.html (Reportage made in TF1 tourné lors de l’entrée d’Hélène Surgère à la Comédie-Française en 2010).

© Armel de Lorme