L'@ide-Mémoire

ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

Danielle Darrieux

 

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Dictionnaire des comédien(ne)s
 

 

La plus glorieuse des fleurs du parterre Tellier se pare, comme il se doit, du nom royal de Rosa. Elle glisse parmi ses compagnes, flexible, presque éthérée. De sa personne filtre un charme indéfinissable et obsédant comme certains parfums. Ses grands yeux qui, peut-être, s’ouvrent sur le vide, donnent le vertige au fermier, pourtant madré, soudain dévoré du désir de retrouver celle qui lui a procuré une telle impression. Qu’il se dépêche, ce brave Rivet, car la nonchalance de Madame Rosa, le délié de ses mouvements, l’espèce de rêve qui la baigne risque de se faner vite dans la fumée des cigarettes et les vapeurs de l’alcool. Le cerveau peut s’embrumer dans les excès de boudoir. Ophuls adorait Darrieux. Il modela pour elle la Viennoise bon genre se hasardant au bord du péché et victime d’une expérience maladroite (La Ronde, 1950). Et la frivole Madame de… (1953), qui expire au terme d’un chemin de croix que ses mensonges n’avaient pas prévu. L’actrice avait derrière elle Marie Vetsera et Katia, elle était passée des cabrioles d’Amélie au silence meurtrier de Bébé Donge. Souvenirs, souvenirs ! Rosa ajoute un fleuron de plus à un étincelant diadème. RC

Danielle Yvonne Marie Antoinette Darrieux voit le jour à Bordeaux (Gironde) le 1er mai 1917. Recommandée par la comédienne Mary Serta (l’Arlésienne du film homonyme de Jacques de Baroncelli), elle n’a pas quatorze ans lorsqu’elle est choisie pour interpréter la jeune héroïne de l’adaptation par Wilhelm Thiele du Bal d’Irène Nemirowsky. C’est le point de départ de la carrière cinématographique la plus exemplaire (et l’une des plus longues aussi) qu’ait jamais connue actrice française, et où l’on croise comme autant de balises diamantées les noms de Decoin, Tourneur, Wilder, Mankiewicz, Autant-Lara, Guitry, Duvivier, Ophuls bien sûr, Demy l’irremplaçable, Chabrol, Vecchiali, Delouche, Téchiné… Cinéastes émérites relayés depuis près de dix ans par de nouveaux fans, Treilhou, Labrune, Klifa et surtout Ozon qui, en lui confiant le rôle de l’aïeule insupportable et alcoolique de 8 Femmes, lui permet de regagner, à 85 ans passés, sa place tout en haut de l’affiche. ADL

© Armel de Lorme