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ENCYCLOPÉDIE DU CINÉMA FRANÇAIS

 

 

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LE DESTIN FABULEUX DE DÉSIRÉE CLARY

Heureuse initiative de Patrick Brion que la programmation, dimanche prochain, du premier en date des trois longs métrages tournés sous l’Occupation par le futur réalisateur de Si Versailles m’était conté… et prétexte rêvé pour annoncer au passage, avec quelques mois d’avance, la sortie de notre deuxième opus – Un monde fou : De Louis de Funès à Louis Gauthier – consacré aux Interprètes de Sacha Guitry à l’écran.

Film volontiers tenu pour accessoire par les guitryens eux-mêmes au regard d’œuvres passées (Le Roman d’un tricheur, Faisons un rêve…, Quadrille) et/ou à venir (La Poison, La Vie d’un honnête homme, Napoléon, Les trois font la paire), Le Destin fabuleux de Désirée Clary (1941), bien plus palpitant au demeurant que celui de la systématiquement souriante et si mièvre Amélie Poulain vue par Jean-Pierre Jeunet, a de tout temps divisé la critique : est-ce le ragoût recuit et bien trop copieux décrit par Paul Vecchiali dans son Encinéclopédie ou une métaphore cinématographique plutôt audacieuse – pour l’époque – et globalement réussie, tel que l’entend Yann Lardeau dans le collectif Sacha Guitry, cinéaste (Yellow Now, 1993) ? L’impérieuse – impériale ? – Gaby Morlay sauve-t-elle vraiment l’ensemble de l’insignifiance (Vecchiali) ou se borne-t-elle à mettre sagement un métier très sûr et un goût bien connu pour les arrières-plans au service du rôle-titre ? Guitry, admirateur notoire (et pour le moins autant qu’Abel Gance) de « l’Aigle », se soucie-t-il davantage ici de la dualité Bonaparte/Napoléon – thème archirebattu depuis Remontons les Champ-Élysées, qui voyait l’empereur déchu reprocher au petit caporal de naguère de l’avoir effrontément trahi – ou du portrait, censément subtil, d’une femme blessée ayant fini par faire de la vengeance le moteur unique d’une existence rien moins qu’à la dérive, en dépit du titre ronflant de reine de Suède ? Le générique « joué » au mitan exact du film, audacieux pour l’époque, fera-t-il toujours sensation soixante-dix ans plus tard ? Qui enfin, de Lise Delamare ou d’Aimé Clariond, d’Yvette Lebon ou de Noël Roquevert, de Jeanne Fusier-Gir ou de Jacques Varennes, de l’exquise et maladroite Geneviève Guitry ou du sec Jean-Louis Barrault, a su, en son temps, résister le mieux, face à la caméra de Guitry cinéaste, à la double confrontation, le temps d’un film, avec Guitry comédien et la future interprète du Voile bleu, l’un et l’autre immenses monstres sacrés devant l’Éternel s’il en fût ? La réponse en images dimanche soir, vers minuit…  

Armel de Lorme  

ANNÉE PR : 1941. PAYS ORIG : France. PR : Édouard Harispuru. RÉ : Sacha Guitry. COLL TECH : René Le Hénaff. SC, AD & DIAL : Sacha Guitry. IM : Jean Bachelet (N&B). SON : Louis Perrin. MUS : Adolphe Borchard. MONT : Andrée Laurent. ILLUSTRATIONS : Guy Arnoux. DÉC : Jacques Colombier. SCR : Georgette Perrin. DIR PR : Édouard Harispuru. PR & DIST : CFCC [= Compagnie Franco Coloniale Cinématographique]. STU : Studios Gaumont. DÉB : 06/12/1941. PC : 04/09/1942 (Marivaux). PP : 14/09/1942 (Marbœuf & Marivaux). DUR : 108 mn.

AVEC : Sacha Guitry (le conteur & Napoléon Ier), Gaby Morlay (Désirée Bernadotte, puis la reine de Suède), Jean-Louis Barrault (Napoléon Bonaparte), Lise Delamare (Joséphine de Beauharnais), Aimé Clariond (Joseph Bonaparte), Yvette Lebon (Julie Clary), Jacques Varennes (Jean-Baptiste Bernadotte, puis Charles XIV de Suède), Geneviève Guitry (Désirée Clary), Carlettina (Désirée enfant), Camille Fournier (Julie Bonaparte), Germaine Laugier (Françoise Rose Clary, la mère de Désirée & de Julie), Jeanne Fusier-Gir (Albertine, la servante des Clary), Jean Hervé (Talma), Jean Coquelin (le greffier de la Mairie), Pierre Magnier (François Clary, le père de Désirée & de Julie), Jean Périer (Talleyrand), Noël Roquevert (Fouché), Maurice Teynac (Marmont), Georges Grey (Junot), Jean Darcante (Duphot), Jean Davy (Berthier), Robert Favart (Lannes), Georges Spanelly (Davout), Georges Tourreil (Cambronne), Léon Walther (le colonel-comte Mörner), Renaud Mary (le docteur Antommarchi), Roger Vincent (S.M. Charles XIII, roi de Suède), Paul Œttly (le chambellan-traducteur), Gaston Mauger (le roi Louis XVIII), Maurice Lagrenée (le duc de Richelieu), René Fauchois (le 1er conseiller), Jacques Berthier (le 2ème conseiller), Henry Houry (le 3ème conseiller), Albert Duvaleix (le concierge de la Maison commune), Yolanda Fax (Julie enfant), Bernard Daydé (le petit Oscar Bernadotte), René Lacourt (le maire), l’abbé Jean Fontagnères (Chateaubriand), Robert Dartois, Maurice Devienne, Georges-François Frontec, Claude Magnier, Roger Prégor, Madeleine Rip.

© Armel de Lorme